Pour faire patienter Blaid...
Bonhomme bourruC’était un bonhomme bourru, jamais bourré
Au manteau chaud qui lui collait à la peau.
Il avait de ces raclettes au fond de la gorge
Qui annonçaient la venue des temps hivernaux.
Ce bonhomme bourru, sans équivoque
Était de ces profanes
Mélancoliques et sans torpeur.
Il avalait de longues lampées
A coup de langues bien claquées
Pour fondre les glaces
Qui gisaient en sa glotte.
Bien des gens l’observaient de haut, l’œil indélicat
Quand notre bonhomme bourru se servait au bar du coin des neiges.
Sa corpulence les dominait,
Eux se renfrognaient.
Il était le colosse des neiges délaissé,
Le jargon en disait plus, l’appelant
« Éléphant des neiges du Canada ».
Transpercé des coins d’œil et de bouche,
Bonhomme bourru ne disait guère mot.
Il retournait sa veste
Et outils sur le dos,
Repartait cernes plissées
Au boulot, l’œil demi clôt.
Sans larme ni pleurs,
Sans chagrin ni tristesse :
La solitude n’étreindrait-elle guère
Celui qui jamais n’a connu compagnie ?
Pourtant, l’éléphant et son épaisse cuirasse,
Son large cou et ses bras forts comme chênes,
Ne demande qu’un sourire
Et un peu de chaleur
Sur la surface glaciale
Des neiges sans blancheur.